29/10/2008

"Black Ice" d'AC/DC (2008)

Come-back réussi pour les Australiens les plus chauds de la planète

One heart angel/One good devil/Your mind in the fantasy/Living on ecstay......Hum pardon je m'égare. Sitôt allumé le lecteur avec Black Ice dedans, que Rock'n'Roll Train nous emporte dans l'univers de ces vétérans du Hard Rock. Angus Young nous balance direct un riff qui donne envie de se bouger, et on retrouve avec plaisir le fameux "son AC/DC", indémodable, qui nous donne toujours autant la pêche, près de 35 ans après les débuts du groupe. Les guitares incandescentes des frères Young ont traversé les décennies sans prendre une ride, et même le décès de leur premier chanteur ne les a pas arrêtés (Bon Scott, en 1980, remplacé par Brian Johnson).
La deuxième piste de l'album est assez surprenante : Skies on Fire, une chanson s'appuyant sur une structure rythmique funky, ce qui n'est pas banal de la part des Boys. S'ensuit alors Big Jack, qui est du AC/DC pur jus, avec un air minimaliste tranchant dans le vif. Les paroles, signées Brian, sont trippantes, pas très fines mais c'est tant mieux comme ça : ""Big Jack/Big Jack/Santa ain't the only whose gotta full sack !" ("Big Jack/Big Jack/Y'a pas que le Père Noël qui en a plein son sac !"). Anything Goes, tout comme Skies on Fire, est étonnante, mais pas pour les mêmes raisons : elle a un air vaguement pop et le timbre de voix de Brian rappelle un peu celui de Bruce Springsteen. La chanson semble tout droit sortir de l'Amérique des années 70. Arrive ensuite War Wachine, qui répare une vieille injustice : de tout les membres du groupe, ça a toujours été le bassiste Cliff William qui a été le moins mis en avant, et là il a l'occasion d'ouvrir ce morceau, et de le faire en beauté. Cette chanson d'Angus Young est dédié à la passion que celui-ci a pour l'artillerie militaire du Moyen-Âge. Celà fait longtemps qu'il l'avait en tête, mais il attendait de trouver le bon riff pour la concrétiser : c'est désormais chose faite. Smash'n'Grab, Spoilin' For a Fight, Wheels et She Likes Rock'n'Roll sont quant à elles du AC/DC comme on l'aime, pas très original mais tellement puissant... Personnellement, j'ai un petit faible pour cette dernière. N'oublions pas de citer Decibel, avec son riff lent et Brian Johnson qui nous montre une fois de plus des vrais talents de bluesman. D'ailleurs, cette chanson tient plus du blues-rock que du hard rock à proprement parler. Autre chanson avec un riff qui débute calmement : Stormy My Day. Après une intro instrumentale posée, la voix déchirée de Brian retentit, accompagnée par les frères Young au sommet de leur forme. Niveau riffs excellents, il y a aussi Money Made, avec ses harmonies vocales très bien orchestrées. Ensuite vient ma favorite : Rock'n'Roll Dream. Superbe ballade hard poignante et prenante, on plonge tout de suite dedans et on en redemande dès qu'elle se termine. C'est du rock efficace, direct, qui sait véhiculer des émotions sans se perdre dans un sentimentalisme fangieux et inutile. L'avant dernière chanson de l'album, Rocking All The Way, est assez étonnante grâce à Brian, et son ton bluesy, et faut dire aussi que la musique pète bien. Finalement, la conclusion arrive avec Black Ice, morceau rappelant Led Zeppelin, le riff étant digne de Jimmy Page.
AC/DC réussit donc son retour, contrairement à la plupart des vieux groupes de rock qui se sont embourgeoisés et se vautrent, décevant ainsi leurs fans. AC/DC n'a rien perdu de son énergie, avec des guitares enflammées et tranchantes comme de l'acier, une basse efficace, une batterie imposant un rythme démentiel et implacable et une voix passionnée et mouvementée. Si les thèmes des chansons sont assez classiques (ça parle de feu, de meufs, de fête,...), la musique est parfois assez originale, même si on retrouve toujours le son AC/DC.
Les Boys n'ont pas perdu leur sens du rock'n'roll, et nous donnnent toujours autant envie de nous bouger et de faire la fête. La "War Machine" du hard australien ne s'est pas enrayée, et a encore de beaux jours devans elle.

"Raw Power" d'Iggy and the Stooges (1973)


Trash et énergique

Décrit avec raison par Philippe Manoeuvre comme étant "le disque le plus violent de tout les temps" (pour une fois qu'il a pas tort), Raw Power est le chef d'oeuvre absolu d'Iggy and the Stooges, agressif, fascinant, malsain et dérangeant. On retrouve dans cet album le détonnant punk rock garage déjà présent dans les précédentes oeuvres du groupe, mais avec cette fois ci une touche de glam rock qui rend le tout terriblement sensuel. L'album démarre en grande pompe avec Search and Destroy, et dès la première seconde, on est emporté dans un flux d'énergie revigorante, si rapide qu'on en aurait presque la tête qui tourne. Le morceau ne faiblit pas un instant et on a une furieuse envie de pogoter partout, de se déchaîner, de tout saccager et de hurler durant ces 3mn 26 de pur délire. Les cris d'Iggy et la musique tournoyante s'évanouissent, et on s'apprête à se prendre une nouvelle tempête dans la gueule avec l'arrivée du nouveau morceau. Et là suprise : c'est un riff accoustique relativement calme qui surgit. Néammoins, pas la moindre beauté ou le moindre répit : il s'avère énergique, mais étonnamment sombre (du moins pour un riff accoustique) et particulièrement glauque. Joué pas vraiment en rythme, il dégage une sorte de rage contenue et a un aspect malsain. La voix éraillée et si particulière d'Iggy entre en scène, et on se sent envoûté, comme hypnotisé, par cette song hors du commun, bien nommée Gimme Danger. En plein milieu du morceau, Iggy pète un cable et se met à hurler des paroles inaudibles débitées à toute vitesse, avant de nous abandonné dans un calme déconcertant, tandis que les instruments continuent leurs transes. Iggy se met alors à répéter durant toute la seconde moitié de la chanson "Gimme danger, little stranger", avec des intonations diverses et une voix lente et traînante. Ensuite, on a le droit à Your Pretty Face is Goint to Hell, où les Stooges violent littéralement le rock'n'roll, sans complexe et par tout les orifices. L'ensemble est un véritable mur de son survitaminé et effrayant dans sa violence sans limite. S'ensuit alors Penetration. Paroles extrèmement crues, voix de pervers et musique dégénérée font la recette de cet hymne cruel. Elle est suivie par le bourrin Raw Power, qui, s'il n'est pas le meilleur morceau de l'album, en est le plus représentatif. Il nous permet également de prendre conscience des grandes capacités de songwritter d'Iggy. Le groupe nous donne enfin une occasion de nous "reposer" avec une song un peu plus calme, I Need Somebody. Aidé d'un riff d'une lourdeur parfaitement maîtrisée, Iggy nous offre sa prestation vocale la plus épatante : je ne peux pas même pas vous décrire ça, je suis désolé, écoutez la chanson car je ne connaît pas de termes dans notre langue à même de décrire un tel timbre de voix. Faisons place maintenant à la rythmée et fébrile Shake Appeal, menée tambours battants par un Iggy fiévreux et complètement défoncé qui se complaît à passer de son timbre le plus éraillé à ses envolées vocales les plus effeminées. L'album s'achève en apothéose sur l'une des chansons les plus bordéliques de l'histoire du rock : Death Trip, qui a la particularité d'être assez psychédélique. Ce bordel instrumental (et qui dans le fond est parfaitement maîtrisé et structuré, c'est ça la magie des Stooges) nous hypnotise totalement et on reste scotché sur notre siège durant toute sa durée, les yeux exorbités.
En définitive, on a affaire à un album qui, non seulement d'être une influence majeure dans l'histoire du rock, est un véritable feu d'artifice punk, destructeur et énergique, fiévreux et envoûtant. Néammoins, Raw Power est loin d'être accessible et peut en repousser plus d'un : non seulement il est d'une violence démesurée, mais cette violence est complétée par une sorte d'étrange raffinement malsain et déconcertant. Le tout avec un son absolument dégueulasse et chanté par le type le plus dingue de l'histoire du rock.
Une chose est certaine : qu'on aime ou qu'on déteste, cet album ne peut laisser personne indifférent.

20/09/2008

"Tostaky" de Noir Désir (1992)

La perle du rock français

Comment parler de rock français sans évoquer Noir Désir? Ce groupe devenu mythique, aux mélodies inoubliables et aux paroles tranchantes, a démontré que le rock n'était pas incompatible avec la langue française, et a inspiré bon nombre de groupes de rock froggys des années 90 à de nos jours : Louise Attack, Deportivo, Luke, Saez, Dyonisos,.... Mais avant que 666.667 Club ne pulvérise les charts français avec des tubes intemporels tels que L'homme pressé, Un jour en France ou Comme elle vient en 1996, la formation bordelaise avait déjà sorti 3 albums. Le 3ème n'est autre que Tostaky, sûrement l'oeuvre la plus aboutie du groupe, qui avait tout de même atteint la 11ème place des charts frenchys, profitant du retour du rock énervé à la radio grâce au mouvement grunge qui sévissait outre-Atlantique. Les textes de Cantat sont véritablement splendides, mêlant poésie surréaliste et symboliste avec brio. Quand à la musique, son originalité et sa rage nous enchante et nous émerveille. L'album s'ouvre sur une chanson en anglais, Here it comes slowly, hymne hard rock et antifasciste condamnant la montée en puissance de l'extrème-droite à l'époque. On y sent bien l'influence d'AC/DC, qui est l'un des groupes favoris de la bande. S'ensuit ensuite Ici Paris, une chanson se moquant du fait que les grandes puissances traditionnellement ennemies n'hésite pas à s'allier dès que ça peut leur rapporter de l'argent (Ici New York/Ici Moscou/Chacun pour soi/Tous pour les sous). L'intro de guitare fait un peu penser à de la musique de western en distordu tandis que le solo qui clot l'album évoque de la musique égyptienne version noise-rock. Après ces deux tempêtes, c'est la très calme et particulièrement glauque Oublié qui nous plonge dans un sombre océan de mélancolie et de remors. Puis voilà Alice, une des chansons les plus connues de l'album, dont la particularité musicale est de s'arrêter net en plein milieu du morceau avant de reprendre comme si de rien n'était. Le solo final, gras et généreux, est une véritable perle. Un nouveau morceau calme surgit, One trip/one noise, glauque et envoûtant, d'une grande profondeur et d'une étrangeté déconcertante. Il est suivi du morceau qui a donné son nom à l'album, Tostaky (le continent). "Tostaky" est l'abréviation argotique de "Todo esta aqui", une expression mexicaine signifiant "tout est là". Le riff dévastateur de cette chanson (qui est parfois inversé) lui confère une force incroyable tandis que Cantat s'explose la voix en hurlant sa rage, et comme il le dit si bien, "soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien". Le jeu de batterie de Denis Barthe est si violent qu'on imagine les ampoules qu'il doit avoir après avoir joué cette song, et les doigts du guitariste Serge Teyssot-Gay et du bassiste Frédéric Vidalenc devaient pisser le sang. Le groupe ne cesse de nous étonner, et après cet ouragan, c'est Marlène qui vient nous carresser les tympans avec sa lenteur transcendante et des paroles digne du Velvet Underground. Puis cet anarchiste de Johnny Colère se ramène, nous explose les tympans et nous revigorise (Et la victoire/Carresse l'espoir/De nous appartenir/Car il faut tenir). La lyrique et noisy 7 Minutes poursuit la lancée, suivi de la ballade rauque et très "américaine" Sober song. It spurts, en anglais comme la précédente, a également un son très anglo-saxon ne crachant pas sur ses influences hard-rock. Tostaky s'achève sur Lolita nie en bloc et la phrase "un ange passe" répétée tout au long du morceau nous apparaît terriblement véridique, cette chanson concluant magnifiquement ce chef d'oeuvre.
Les influences du groupe vont du hard rock (AC/DC, Led Zeppelin,...) à la vieille chanson française (Brel, Ferré,...) en passant par le punk (the Clash, the Sex Pistols,...) ou le pop-rock (the Beatles,...), sans oublier le rock psychédélique (the Doors, the Velvet Underground,...). Un tel métissage musical ne pouvait aboutir qu'à un chef d'oeuvre, et Tostaky est sans aucun doute le sommet du rock français, un torrent d'émotions exprimées à travers des rythmes et des chants, un déchaînement d'efficacité qui nous prend aux tripes et nous va droit au coeur.

10/09/2008

"Damned Damned Damned" des Damned (1977)

Survitaminé et entraînant

Issu de la première vague punk britannique de 1976, les 4 kids de Londres sont devenus mythiques avec la sortie de leur première opus Damned Damned Damned en 1977. Avec à la basse le réputé Captain Sensible, au chant l'étrange Dave Vanian, à la guitare le dingue Brian James et à la batterie le déjanté Rat Scabies (et son utilisation massive des cymbales), le groupe avait toutes les cartes en main pour réussir. Véritable concentré d'adrénaline, cet album joué à 100 à l'heure (on note juste un ralentissement de rythme sur la glauque Feel The Pain) est un pur joyau du punk-rock, qui ne crache pas sur ses influences garage (I Feel Alright, qui est d'ailleurs une reprise des Stooges), rockabilly (So Messed Up) ou bien sûr glam (Feel The Pain). Damned Damned Damned s'ouvre sur Neat Neat Neat, morceau haletant donnant une furieuse envie de pogoter partout en saccageant tout, suivi de Fan Club, inspiré du glam rock et du rock psyché. A travers l'album, Dave a un chant varié, avec un accent prolétaire du sud de l'Angleterre, n'hésitant pas à adopter par exemple un ton laconique pour Born To Kill. Dans les chansons Fish, See Her Tonight et 1 Of The 2, on retrouve quelques éléments disparates qui laissent déjà suggérer ce que le groupe est devenu par la suite : du rock gothique. Ces trois morceaux comprennent aussi des éléments rappelant étrangement le heavy metal, sans en être pour autant. N'oublions pas aussi la très brève et efficace Stab Your Back (entièrement écrite et composée par Rat), ni l'endiablée I Fall et son riff mémorable. Mais le clou de l'album, son sommet, l'une des plus belles chansons du punk-rock, c'est bien la cultissime et survitaminée New Rose. Quelques mots brefs sans musique de Dave, puis la batterie tapageuse de Rat et........BAM ! Le riff démentiel de Brian nous pète à la gueule. Et c'est parti pour l'une des plus énergiques chansons de l'histoire du rock. A une allure folle (c'est pas humain de jouer aussi vite !), les Damned réussissent dans ce morceau à concentrer avec brio toute l'énergie et la fureur du mouvement punk. Damned Damned Damned est certainement l'un des albums les plus réussis de l'année 77, et un fabuleux témoin de l'ambiance fiévreuse et remuante du Londres punk de la fin des années 70.
Un album indispensable pour tout les amateurs de rock lapidaire.

"Rouge Sang" de Renaud (2006)

Très décevant

Où est donc passé le grand Renaud d'antan? Celui qui faisait trembler les politiciens et qui crier haut et fort son dégoût de la société? Celui qui a chanté Hexagone et Miss Maguie? Le poète qui a chanté Mistral Gagnant et Marchand de Cailloux? Certains pensaient que cet album serait l'album de la renaissance pour le vieux loubard, car son précédent, Boucan d'Enfer, sorti en 2001, était tellement cynique et désabusé que l'on aurait cru que c'était l'oeuvre d'un autre chanteur. Mais non, ce n'est pas l'album de la renaissance pour Renaud. Le Renard est devenu un bobo, et il le clame haut et fort dans sa chanson Les bobos, qui ouvre l'album, un portrait archi-caricatural des "bourgeois-bohèmes". Sa poésie a perdu de sa splendeur, Renaud ayant choisi la voie de la facilité pour ses nouveaux textes, niais à souhait. Il chante dans nombre de chansons la beauté de sa nouvelle femme, Romane Serda, et ça en devient lassant à la fin, voir agaçant. Dans la chanson Filles de joie, il fait preuve d'une grande hypocrisie, en critiquant les plateaux télés qu'il fréquente assidûment lui même (même si c'est vrai qu'il a raison dans sa chanson). Sa chanson J'ai retrouvé mon flingue, elle, est sensée être la suite d'une chanson qu'il a écrite il y a 27 ans, Où c'est que j'ai mis mon flingue?, l'une de ses plus assassines : pourtant, la suite n'est qu'une pâle copie de l'originale, elle critique démagogiquement les sujets sensibles déjà critiqués par tout le monde (la politique américaine, les religions, la télévision) et s'avère être prétentieuse et, dans le fond, pas vraiment assassine pour les sujets qu'elle attaque. La musique, elle, est dans un style "Star Ac'" et on ne retrouve plus l'originalité variée des anciennes chansons du vieux chanteur. Néammoins, cet album possède quelques perles : Elsa, une belle complainte sur une jeune fille ayant perdu son frère qui s'est suicidé, magnifique chanson sur le triste suicide adolescent et Leonard's song, violente mais véridique chanson sur le prisonnier politique Leonard, emprisonné par le FBI pour un crime qu'il n'a pas commis et parce que c'est un Indien d'Amérique du Nord, véritable hymne à la liberté de cet homme détenu dans les geôles américaines depuis plus de 30 ans. Hélas ça ne suffit pas à nous faire oublier la faiblesse de cet album, qui se conclut sur Je m'appelle Galilée, chanson érotique et ennuyeuse. Cet album n'arrive donc pas à la cheville des précédents, Renaud ayant désormais troqué son âme de rebelle contre le bonheur d'avoir de nouveau une femme. Peut on vraiment lui reprocher, après tout ce qu'il a subi? En tout cas, il est loin le temps de Société tu m'auras pas !

07/09/2008

"Mamagubida" de Tryo (1998)

Destressant et engagé

Bien avant que L'hymne de nos campagnes débarque sur nos radios en 2005 et connaisse un énorme succès, Tryo avait déjà, dès 1998, sorti son premier opus, Mamagubida, composé de morceaux live issus de leurs premières tournées. Ce sympathique album de reggae accoustique aux influences de musiques du monde est d'une grande richesse musicale, d'une fraîcheur vivifiante et d'une authenticité remarquable. Il est véritablement jouissif et libérateur et nettoie nos tympans encrassés par la soupe formatée que diffuse la majorité des radios. Il s'ouvre sur L'hymne de nos campagnes qui annonce d'emblée la couleur : textes profondéments écolos, musique douce, parfaite alchimie des trois voix. Le morceau qui suit est Pour un flirt avec la crise, qui mêle critique sociale et parfum d'été. Le groupe n'hésite pas à flinguer, des jeunes formatés et soumis à la dictature de la beauté et de la société de consommation dans La révolution aux politiciens verreux dans Regardez-lez, en passant par l'addiction au téléphone portable dans France Telecom sans oublier bien sûr Salut Ô, chanson fustigeant les "braves gens", ces moutons aux préoccupations uniquement matérielles (bagnole, appart',....) qui se contente de gueuler devans leur télé tout en se laissant exploiter, et qui adore taper sur la jeunesse qui "n'est pas assez comme eux" à leurs yeux. Tryo ne se contente pas de critiquer, mais fait aussi des propositions, tout en affirmant que ce ne sont pas forcément les meilleures (C'est du roots). Cet album contient également la cultissime La main verte, hymne pour la légalisation du cannabis. Pour moi, les deux meilleurs titres de Mamagubida, sont La misère d'en face, aux influences afro-cubaines, qui incite à prendre conscience sur la situation du Tiers Monde, et surtout Les soldats de plombs, vibrante déclaration de guerre aux normes, au conformisme et au délit de sale gueule, et morceau d'une grande richesse et d'une grande intensité. L'album se clôt sur Babylone et J'ai rien prévu pour demain, qui incitent à changer de mode de vie et à laisser derrière nous nos vies minables et matérialistes pour vivre nos rêves et nos utopies.
Toujours justes, jamais gratuites, les critiques exprimées dans Mamagubida ont de quoi nous faire réfléchir sur l'état de notre monde et sur nos comportements. Musicalement parlant, l'album est très varié, sans faiblesses, ensoleillé, d'une tranquilité apesante. Si le constat laissé par les textes engagés du groupe peuvent nous inquiéter sérieusement sur l'avenir de l'humanité, cet album nous redonne également espoir, et apparaît comme un rayon de soleil au milieu de la noirceur et de la grisaille de notre monde.

"Nevermind" de Nirvana (1991)

Déchirant mais jouissif

Qui ne connais pas cet album devenu culte en quelques années seulement? Qui, en 1991, a définitivement changé la donne musicale : les clinquantes années 80 sont désormais derrière nous, le désespoir et le morne des années 90 est là. Nevermind, c'est avant tout une évolution musicale majeure. Un album qui a influencé toute les années 90, et qui continue toujours d'inspirer les groupes actuels. La voix éraillée et sublime de Kurt Cobain, sa guitare à saturation, la basse au son tantôt glauque, tantôt entraînant de Krist Nolosevic et la batterie démentielle de Dave Grohl sont restés dans les mémoires. L'album est un pur moment de rage musicale, un mélange détonnant de fureur électrique et de désespoir. La sauce prend et on est très vite entraîné dans ce tourbillon grunge dès le premier morceau, le géniallissime Smells Like Teen Spirit, devenu l'hymne des ados paumés et mal dans leurs peaux du monde entier. Son riff dévastateur, ses couplets carressants, son refrain endiablé et son solo magistral ont marqués l'histoire du rock. L'album se poursuit sur de la bonne grosse distorsion, avec In Bloom, puis on est emporté par la chanson Come As You Are, au son répétitif et glauque, mais entraînant. Et puis c'est le retour de la distorsion avec Breed, suivi de Lithium, morceau de dépressif par excellence, qui nous donne pourtant envie de sauter dans tout les coins en hurlant YEAH-EAH-EAH-EAH avec Kurt. Le groupe surprend ensuite avec Polly, triste ballade accoustique sur un viol puis arrive Territorial Pissing, où Kurt s'explose la voix sur fond de distorsion crade et dissonante. Drain You , Lounge Act, Stay Away et On a Plain suivent, poursuivant dans une ambiance sombre et décalée tandis que Kurt continue de hurler sa rage et sa frustration. L'album se conclut sur la très calme mais géniale chanson Something in the Way, écrite par Kurt en mémoire des innombrables nuits qu'il a passé sous les ponts lorsqu'il était adolescent. La sauvagerie et le génie du groupe nous laisse muets après les dernières notes de Something in the Way, et on a vraiment l'impression d'avoir entendu quelque chose d'exeptionnel. Toute cette adrénaline, tout ces sentiments confus, toutes ces mélodies tranchantes,.... Cet album, visionnaire, est indémodable : on l'écoute toujours avec le même plaisir aujourd'hui qu'à sa sortie, il y a 17 ans. Il est l'apogée du rock alternatif, celui qui a prouvé aux producteurs que l'indé pouvait être lucratif et que l'avenir du rock était dans les petits groupes inconnus. Le génie de Kurt Cobain, chanteur, guitariste, parolier et compositeur du groupe, a fait le succès de cet album, et son humilité et sa sincérité, exprimée dans Nevermind, ont remis à leur place les pseudos rockstars arrogantes et pompeuses. Nirvana ne fut qu'une étoile filante dans l'histoire du rock, Kurt Cobain s'étant vite retrouvé consumé par cette détresse sur laquelle il avait bâti son talent, mais Nevermind reste comme témoin, un souvenir que nous a laissé Kurt, un cri de désespoir dans un monde sourd, des émotions fortes exprimées à travers des mélodies et des chants, un sentiment d'incompréhension et d'inadaptation face à un univers formaté et élitiste, un grand va-te-faire-foutre à une industrie du disque uniquement tournée vers le fric et non vers l'art. Aujourd'hui encore, plus que jamais, nous avons besoin de ce genre d'albums pour faire trembler les maisons de productions. Malheureusement, la révolution musicale se fait toujours attendre......

06/09/2008

"Oracular Spectacular" de MGMT (2008)


Salutaire

Un peu de pop actuelle maintenant. Oracular Spectacular est le premier album du groupe indépendant MGMT qui est sûrement LA grande découverte musicale de 2007-2008. L'album, plutôt orienté vers la pop psychédélique, intègre également des influences électro, glam, folk et même garage rock (qui donne un aspect un peu bordélique à certaines chansons) : ce brassage d'influences pimente l'album et le rend très agréable à l'écoute. Oracular Spectacular s'ouvre sur le titre Time to pretend, le tube qui a révélé le groupe au grand public. Un peu bizarre, anticonformiste, fluide et entraînant, ce titre est bâti sur une solide rythmique et ne crache pas sur ses influences psyché', le tout avec une bonne dose de surf music comme on l'aime. Le riff merveilleux est vraiment un coup de génie. Les paroles parlent de devenir des rock-stars, d'épouser des mannequins et de mourir étouffer dans son vomi : que de belles choses donc. Puis arrive Weekend Wars, ballade pop-rock un peu folk suivi de The Youth, morceau mélodieux, tranquille et planant. L'autre grand tube de l'album, Electric Feel, est un peu moins intéressant que les autres titres, du fait de son aspect un peu trop disco, malgré le martèlement hypnotique de la batterie. Kids, elle, est une chanson électro-pop simple mais directe, particulièrement sympathique à l'écoute. Globalement, les morceaux sont d'une grande intensité, tantôt simples, tantôt complexes, tandis qu'une influence de musique asiatique se fait sentir dans les intros de Electric Feel et de The Handshakes. Mais le point culminant de l'album, à mes yeux, n'est autre que 4th Dimensional Transition, ballade psychédélique, glauque, envoûtante, mystérieuse et particulièrement puissante. Ce morceau relève tout simplement du chef d'oeuvre. Malheureusement, la qualité de l'album est inégale, néammoins je vous le recommande chaudement, car il vaut le coût d'être entendu, et c'est pour moi l'album le plus intéressant que j'ai entendu dans notre décennie pauvre en nouveautés musicales fraîches.

"The Doors" des Doors (1967)

Sombre et visionnaire

Cet album de génie a déchaîné les passions à sa sortie. Alors que le mouvement hippie était joyeux et plein d'espoir, les Doors eux, incarnaient le désespoir et le fatalisme. Cet album reflète toute la folie de Jim Morrison, tout son génie aussi, ainsi que ceux de Ray Manzarek, de Robbie Krieger et de John Densmore. L'album s'ouvre sur Break on throught, chanson particulièrement rythmé qui nous donne irrésistiblement envie de monter sur les tables et de danser comme des tarés, hymne à l'évasion et à la fuite du réel au travers des drogues. Durant tout l'album, on a l'impression de planer, emportés par le son psychédélique des morceaux et par la voix rauque et superbe de Jim. Light my fire, avec ses longs solos, est un pur régal tandis que End of the night est délicieusement glauque. Chaque chanson nous fait vibrer, chaque chanson est une perle. On pourrait notamment citer Alabama Song, évoquant la détresse d'un homme ayant perdu sa femme et noyant son chagrin dans l'alcool. Take it as it comes est particulièrement rythmée et I looked at you est superbement entraînante. L'album se conlut en beauté, sur la chanson The End : planante, calme, grandiose, flippante, glauque, étrange, anormale, magnifique, géniale,........Aucun mot ne peut, en définitive, définir cette chanson. La poésie de Jim nous emporte vers de lointaines contrées pyschédéliques, loin du commun et de la logique, loin de la morale et des lois. On a l'impression de vivre une expérience extraordinaire en écoutant The Doors, on a l'impression de sortir de nos corps et de découvrir un autre univers. Cet album a un parfum de liberté, d'amertume aussi vis à vis de notre monde : la Guerre du Vietnam fait rage, le monde plongé dans la Guerre Froide va mal. The Doors semble avoir été conçu comme une alternative à ça : il faut savoir planer ailleurs. Battre de ses propres ailes dans ce monde. C'est là toute la magie, le génie et le mystère des Doors : avoir réussi à transporter leurs auditeurs dans un autre univers, LEUR univers.

Salut à vous ô mes frères et soeurs !

Je ne commencerais pas en m'embarrassant des habituelles formules de politesse, je préfère que nous entrions tout de suite dans le vif du sujet. J'ai ouvert ce blog pour y publier des critiques d'albums, anciens ou récents, pour donner mon avis et analyser les oeuvres de musiciens d'horizons divers.
Autant le dire tout de suite, je me fiche éperdumment de ce que disent les critiques "professionnelles" et je ne revendique absolument aucune objectivité car je considère qu'il est impossible d'être réellement objectif en jugeant une oeuvre. Certes, il y a des albums qui sont durs à défendre et d'autres qui sont durs à descendre, mais globalement la grande majorité de la production artistique ne peut être apprécié ou détesté que subjectivement. Certains trouvent les Sex Pistols immondes, je les adore. Certains trouvent les Beach Boys géniaux, je ne les aime pas. Certains trouvent Grand Corps Malade chiant, je trouve ça sympa. Certains trouvent Olivia Ruiz excellente, je n'aime pas trop. Et je pourrais continuer encore longtemps comme ça. Je respecte les goûts des autres du moment que ça reste encore dans le domaine de l'Art (les Tokio Hotel, Fatal Bazooka et autres peuvent aller se faire voir ailleurs) alors je demande qu'on respecte mes goûts et qu'on ne m'attaque pas gratuitement si l'on n'est pas d'accord. Je souhaite que vous réagissiez à mes critiques, en bien ou en mal, mais j'aimerais que vous argumentiez vos propos, tout comme j'argumente mes critiques. Merci.
Si une critique n'est pas de moi mais d'une de mes connaissances, son nom sera précisé. Avant chaque critique, je note un commentaire que l'album m'a inspiré.

Je vous souhaite une bonne visite et j'espère que mes critiques vous amènerons à réagir.