07/09/2008

"Mamagubida" de Tryo (1998)

Destressant et engagé

Bien avant que L'hymne de nos campagnes débarque sur nos radios en 2005 et connaisse un énorme succès, Tryo avait déjà, dès 1998, sorti son premier opus, Mamagubida, composé de morceaux live issus de leurs premières tournées. Ce sympathique album de reggae accoustique aux influences de musiques du monde est d'une grande richesse musicale, d'une fraîcheur vivifiante et d'une authenticité remarquable. Il est véritablement jouissif et libérateur et nettoie nos tympans encrassés par la soupe formatée que diffuse la majorité des radios. Il s'ouvre sur L'hymne de nos campagnes qui annonce d'emblée la couleur : textes profondéments écolos, musique douce, parfaite alchimie des trois voix. Le morceau qui suit est Pour un flirt avec la crise, qui mêle critique sociale et parfum d'été. Le groupe n'hésite pas à flinguer, des jeunes formatés et soumis à la dictature de la beauté et de la société de consommation dans La révolution aux politiciens verreux dans Regardez-lez, en passant par l'addiction au téléphone portable dans France Telecom sans oublier bien sûr Salut Ô, chanson fustigeant les "braves gens", ces moutons aux préoccupations uniquement matérielles (bagnole, appart',....) qui se contente de gueuler devans leur télé tout en se laissant exploiter, et qui adore taper sur la jeunesse qui "n'est pas assez comme eux" à leurs yeux. Tryo ne se contente pas de critiquer, mais fait aussi des propositions, tout en affirmant que ce ne sont pas forcément les meilleures (C'est du roots). Cet album contient également la cultissime La main verte, hymne pour la légalisation du cannabis. Pour moi, les deux meilleurs titres de Mamagubida, sont La misère d'en face, aux influences afro-cubaines, qui incite à prendre conscience sur la situation du Tiers Monde, et surtout Les soldats de plombs, vibrante déclaration de guerre aux normes, au conformisme et au délit de sale gueule, et morceau d'une grande richesse et d'une grande intensité. L'album se clôt sur Babylone et J'ai rien prévu pour demain, qui incitent à changer de mode de vie et à laisser derrière nous nos vies minables et matérialistes pour vivre nos rêves et nos utopies.
Toujours justes, jamais gratuites, les critiques exprimées dans Mamagubida ont de quoi nous faire réfléchir sur l'état de notre monde et sur nos comportements. Musicalement parlant, l'album est très varié, sans faiblesses, ensoleillé, d'une tranquilité apesante. Si le constat laissé par les textes engagés du groupe peuvent nous inquiéter sérieusement sur l'avenir de l'humanité, cet album nous redonne également espoir, et apparaît comme un rayon de soleil au milieu de la noirceur et de la grisaille de notre monde.

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