29/10/2008

"Raw Power" d'Iggy and the Stooges (1973)


Trash et énergique

Décrit avec raison par Philippe Manoeuvre comme étant "le disque le plus violent de tout les temps" (pour une fois qu'il a pas tort), Raw Power est le chef d'oeuvre absolu d'Iggy and the Stooges, agressif, fascinant, malsain et dérangeant. On retrouve dans cet album le détonnant punk rock garage déjà présent dans les précédentes oeuvres du groupe, mais avec cette fois ci une touche de glam rock qui rend le tout terriblement sensuel. L'album démarre en grande pompe avec Search and Destroy, et dès la première seconde, on est emporté dans un flux d'énergie revigorante, si rapide qu'on en aurait presque la tête qui tourne. Le morceau ne faiblit pas un instant et on a une furieuse envie de pogoter partout, de se déchaîner, de tout saccager et de hurler durant ces 3mn 26 de pur délire. Les cris d'Iggy et la musique tournoyante s'évanouissent, et on s'apprête à se prendre une nouvelle tempête dans la gueule avec l'arrivée du nouveau morceau. Et là suprise : c'est un riff accoustique relativement calme qui surgit. Néammoins, pas la moindre beauté ou le moindre répit : il s'avère énergique, mais étonnamment sombre (du moins pour un riff accoustique) et particulièrement glauque. Joué pas vraiment en rythme, il dégage une sorte de rage contenue et a un aspect malsain. La voix éraillée et si particulière d'Iggy entre en scène, et on se sent envoûté, comme hypnotisé, par cette song hors du commun, bien nommée Gimme Danger. En plein milieu du morceau, Iggy pète un cable et se met à hurler des paroles inaudibles débitées à toute vitesse, avant de nous abandonné dans un calme déconcertant, tandis que les instruments continuent leurs transes. Iggy se met alors à répéter durant toute la seconde moitié de la chanson "Gimme danger, little stranger", avec des intonations diverses et une voix lente et traînante. Ensuite, on a le droit à Your Pretty Face is Goint to Hell, où les Stooges violent littéralement le rock'n'roll, sans complexe et par tout les orifices. L'ensemble est un véritable mur de son survitaminé et effrayant dans sa violence sans limite. S'ensuit alors Penetration. Paroles extrèmement crues, voix de pervers et musique dégénérée font la recette de cet hymne cruel. Elle est suivie par le bourrin Raw Power, qui, s'il n'est pas le meilleur morceau de l'album, en est le plus représentatif. Il nous permet également de prendre conscience des grandes capacités de songwritter d'Iggy. Le groupe nous donne enfin une occasion de nous "reposer" avec une song un peu plus calme, I Need Somebody. Aidé d'un riff d'une lourdeur parfaitement maîtrisée, Iggy nous offre sa prestation vocale la plus épatante : je ne peux pas même pas vous décrire ça, je suis désolé, écoutez la chanson car je ne connaît pas de termes dans notre langue à même de décrire un tel timbre de voix. Faisons place maintenant à la rythmée et fébrile Shake Appeal, menée tambours battants par un Iggy fiévreux et complètement défoncé qui se complaît à passer de son timbre le plus éraillé à ses envolées vocales les plus effeminées. L'album s'achève en apothéose sur l'une des chansons les plus bordéliques de l'histoire du rock : Death Trip, qui a la particularité d'être assez psychédélique. Ce bordel instrumental (et qui dans le fond est parfaitement maîtrisé et structuré, c'est ça la magie des Stooges) nous hypnotise totalement et on reste scotché sur notre siège durant toute sa durée, les yeux exorbités.
En définitive, on a affaire à un album qui, non seulement d'être une influence majeure dans l'histoire du rock, est un véritable feu d'artifice punk, destructeur et énergique, fiévreux et envoûtant. Néammoins, Raw Power est loin d'être accessible et peut en repousser plus d'un : non seulement il est d'une violence démesurée, mais cette violence est complétée par une sorte d'étrange raffinement malsain et déconcertant. Le tout avec un son absolument dégueulasse et chanté par le type le plus dingue de l'histoire du rock.
Une chose est certaine : qu'on aime ou qu'on déteste, cet album ne peut laisser personne indifférent.

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