10/09/2008

"Rouge Sang" de Renaud (2006)

Très décevant

Où est donc passé le grand Renaud d'antan? Celui qui faisait trembler les politiciens et qui crier haut et fort son dégoût de la société? Celui qui a chanté Hexagone et Miss Maguie? Le poète qui a chanté Mistral Gagnant et Marchand de Cailloux? Certains pensaient que cet album serait l'album de la renaissance pour le vieux loubard, car son précédent, Boucan d'Enfer, sorti en 2001, était tellement cynique et désabusé que l'on aurait cru que c'était l'oeuvre d'un autre chanteur. Mais non, ce n'est pas l'album de la renaissance pour Renaud. Le Renard est devenu un bobo, et il le clame haut et fort dans sa chanson Les bobos, qui ouvre l'album, un portrait archi-caricatural des "bourgeois-bohèmes". Sa poésie a perdu de sa splendeur, Renaud ayant choisi la voie de la facilité pour ses nouveaux textes, niais à souhait. Il chante dans nombre de chansons la beauté de sa nouvelle femme, Romane Serda, et ça en devient lassant à la fin, voir agaçant. Dans la chanson Filles de joie, il fait preuve d'une grande hypocrisie, en critiquant les plateaux télés qu'il fréquente assidûment lui même (même si c'est vrai qu'il a raison dans sa chanson). Sa chanson J'ai retrouvé mon flingue, elle, est sensée être la suite d'une chanson qu'il a écrite il y a 27 ans, Où c'est que j'ai mis mon flingue?, l'une de ses plus assassines : pourtant, la suite n'est qu'une pâle copie de l'originale, elle critique démagogiquement les sujets sensibles déjà critiqués par tout le monde (la politique américaine, les religions, la télévision) et s'avère être prétentieuse et, dans le fond, pas vraiment assassine pour les sujets qu'elle attaque. La musique, elle, est dans un style "Star Ac'" et on ne retrouve plus l'originalité variée des anciennes chansons du vieux chanteur. Néammoins, cet album possède quelques perles : Elsa, une belle complainte sur une jeune fille ayant perdu son frère qui s'est suicidé, magnifique chanson sur le triste suicide adolescent et Leonard's song, violente mais véridique chanson sur le prisonnier politique Leonard, emprisonné par le FBI pour un crime qu'il n'a pas commis et parce que c'est un Indien d'Amérique du Nord, véritable hymne à la liberté de cet homme détenu dans les geôles américaines depuis plus de 30 ans. Hélas ça ne suffit pas à nous faire oublier la faiblesse de cet album, qui se conclut sur Je m'appelle Galilée, chanson érotique et ennuyeuse. Cet album n'arrive donc pas à la cheville des précédents, Renaud ayant désormais troqué son âme de rebelle contre le bonheur d'avoir de nouveau une femme. Peut on vraiment lui reprocher, après tout ce qu'il a subi? En tout cas, il est loin le temps de Société tu m'auras pas !

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