29/10/2008

"Black Ice" d'AC/DC (2008)

Come-back réussi pour les Australiens les plus chauds de la planète

One heart angel/One good devil/Your mind in the fantasy/Living on ecstay......Hum pardon je m'égare. Sitôt allumé le lecteur avec Black Ice dedans, que Rock'n'Roll Train nous emporte dans l'univers de ces vétérans du Hard Rock. Angus Young nous balance direct un riff qui donne envie de se bouger, et on retrouve avec plaisir le fameux "son AC/DC", indémodable, qui nous donne toujours autant la pêche, près de 35 ans après les débuts du groupe. Les guitares incandescentes des frères Young ont traversé les décennies sans prendre une ride, et même le décès de leur premier chanteur ne les a pas arrêtés (Bon Scott, en 1980, remplacé par Brian Johnson).
La deuxième piste de l'album est assez surprenante : Skies on Fire, une chanson s'appuyant sur une structure rythmique funky, ce qui n'est pas banal de la part des Boys. S'ensuit alors Big Jack, qui est du AC/DC pur jus, avec un air minimaliste tranchant dans le vif. Les paroles, signées Brian, sont trippantes, pas très fines mais c'est tant mieux comme ça : ""Big Jack/Big Jack/Santa ain't the only whose gotta full sack !" ("Big Jack/Big Jack/Y'a pas que le Père Noël qui en a plein son sac !"). Anything Goes, tout comme Skies on Fire, est étonnante, mais pas pour les mêmes raisons : elle a un air vaguement pop et le timbre de voix de Brian rappelle un peu celui de Bruce Springsteen. La chanson semble tout droit sortir de l'Amérique des années 70. Arrive ensuite War Wachine, qui répare une vieille injustice : de tout les membres du groupe, ça a toujours été le bassiste Cliff William qui a été le moins mis en avant, et là il a l'occasion d'ouvrir ce morceau, et de le faire en beauté. Cette chanson d'Angus Young est dédié à la passion que celui-ci a pour l'artillerie militaire du Moyen-Âge. Celà fait longtemps qu'il l'avait en tête, mais il attendait de trouver le bon riff pour la concrétiser : c'est désormais chose faite. Smash'n'Grab, Spoilin' For a Fight, Wheels et She Likes Rock'n'Roll sont quant à elles du AC/DC comme on l'aime, pas très original mais tellement puissant... Personnellement, j'ai un petit faible pour cette dernière. N'oublions pas de citer Decibel, avec son riff lent et Brian Johnson qui nous montre une fois de plus des vrais talents de bluesman. D'ailleurs, cette chanson tient plus du blues-rock que du hard rock à proprement parler. Autre chanson avec un riff qui débute calmement : Stormy My Day. Après une intro instrumentale posée, la voix déchirée de Brian retentit, accompagnée par les frères Young au sommet de leur forme. Niveau riffs excellents, il y a aussi Money Made, avec ses harmonies vocales très bien orchestrées. Ensuite vient ma favorite : Rock'n'Roll Dream. Superbe ballade hard poignante et prenante, on plonge tout de suite dedans et on en redemande dès qu'elle se termine. C'est du rock efficace, direct, qui sait véhiculer des émotions sans se perdre dans un sentimentalisme fangieux et inutile. L'avant dernière chanson de l'album, Rocking All The Way, est assez étonnante grâce à Brian, et son ton bluesy, et faut dire aussi que la musique pète bien. Finalement, la conclusion arrive avec Black Ice, morceau rappelant Led Zeppelin, le riff étant digne de Jimmy Page.
AC/DC réussit donc son retour, contrairement à la plupart des vieux groupes de rock qui se sont embourgeoisés et se vautrent, décevant ainsi leurs fans. AC/DC n'a rien perdu de son énergie, avec des guitares enflammées et tranchantes comme de l'acier, une basse efficace, une batterie imposant un rythme démentiel et implacable et une voix passionnée et mouvementée. Si les thèmes des chansons sont assez classiques (ça parle de feu, de meufs, de fête,...), la musique est parfois assez originale, même si on retrouve toujours le son AC/DC.
Les Boys n'ont pas perdu leur sens du rock'n'roll, et nous donnnent toujours autant envie de nous bouger et de faire la fête. La "War Machine" du hard australien ne s'est pas enrayée, et a encore de beaux jours devans elle.

"Raw Power" d'Iggy and the Stooges (1973)


Trash et énergique

Décrit avec raison par Philippe Manoeuvre comme étant "le disque le plus violent de tout les temps" (pour une fois qu'il a pas tort), Raw Power est le chef d'oeuvre absolu d'Iggy and the Stooges, agressif, fascinant, malsain et dérangeant. On retrouve dans cet album le détonnant punk rock garage déjà présent dans les précédentes oeuvres du groupe, mais avec cette fois ci une touche de glam rock qui rend le tout terriblement sensuel. L'album démarre en grande pompe avec Search and Destroy, et dès la première seconde, on est emporté dans un flux d'énergie revigorante, si rapide qu'on en aurait presque la tête qui tourne. Le morceau ne faiblit pas un instant et on a une furieuse envie de pogoter partout, de se déchaîner, de tout saccager et de hurler durant ces 3mn 26 de pur délire. Les cris d'Iggy et la musique tournoyante s'évanouissent, et on s'apprête à se prendre une nouvelle tempête dans la gueule avec l'arrivée du nouveau morceau. Et là suprise : c'est un riff accoustique relativement calme qui surgit. Néammoins, pas la moindre beauté ou le moindre répit : il s'avère énergique, mais étonnamment sombre (du moins pour un riff accoustique) et particulièrement glauque. Joué pas vraiment en rythme, il dégage une sorte de rage contenue et a un aspect malsain. La voix éraillée et si particulière d'Iggy entre en scène, et on se sent envoûté, comme hypnotisé, par cette song hors du commun, bien nommée Gimme Danger. En plein milieu du morceau, Iggy pète un cable et se met à hurler des paroles inaudibles débitées à toute vitesse, avant de nous abandonné dans un calme déconcertant, tandis que les instruments continuent leurs transes. Iggy se met alors à répéter durant toute la seconde moitié de la chanson "Gimme danger, little stranger", avec des intonations diverses et une voix lente et traînante. Ensuite, on a le droit à Your Pretty Face is Goint to Hell, où les Stooges violent littéralement le rock'n'roll, sans complexe et par tout les orifices. L'ensemble est un véritable mur de son survitaminé et effrayant dans sa violence sans limite. S'ensuit alors Penetration. Paroles extrèmement crues, voix de pervers et musique dégénérée font la recette de cet hymne cruel. Elle est suivie par le bourrin Raw Power, qui, s'il n'est pas le meilleur morceau de l'album, en est le plus représentatif. Il nous permet également de prendre conscience des grandes capacités de songwritter d'Iggy. Le groupe nous donne enfin une occasion de nous "reposer" avec une song un peu plus calme, I Need Somebody. Aidé d'un riff d'une lourdeur parfaitement maîtrisée, Iggy nous offre sa prestation vocale la plus épatante : je ne peux pas même pas vous décrire ça, je suis désolé, écoutez la chanson car je ne connaît pas de termes dans notre langue à même de décrire un tel timbre de voix. Faisons place maintenant à la rythmée et fébrile Shake Appeal, menée tambours battants par un Iggy fiévreux et complètement défoncé qui se complaît à passer de son timbre le plus éraillé à ses envolées vocales les plus effeminées. L'album s'achève en apothéose sur l'une des chansons les plus bordéliques de l'histoire du rock : Death Trip, qui a la particularité d'être assez psychédélique. Ce bordel instrumental (et qui dans le fond est parfaitement maîtrisé et structuré, c'est ça la magie des Stooges) nous hypnotise totalement et on reste scotché sur notre siège durant toute sa durée, les yeux exorbités.
En définitive, on a affaire à un album qui, non seulement d'être une influence majeure dans l'histoire du rock, est un véritable feu d'artifice punk, destructeur et énergique, fiévreux et envoûtant. Néammoins, Raw Power est loin d'être accessible et peut en repousser plus d'un : non seulement il est d'une violence démesurée, mais cette violence est complétée par une sorte d'étrange raffinement malsain et déconcertant. Le tout avec un son absolument dégueulasse et chanté par le type le plus dingue de l'histoire du rock.
Une chose est certaine : qu'on aime ou qu'on déteste, cet album ne peut laisser personne indifférent.